Anatomie du larynx

Chapitre 1: les cartilages laryngés

Anatomie générale du larynx

Dans ce chapitre est abordé l'anatomie du larynx, dans une perspective fonctionnelle. Les descriptions seront différentes de celles de l’anatomie classique, fortement complexe en ce qui concerne le larynx. Par ailleurs, on y trouvera certains éléments de l’anatomie laryngée, de découverte récente et donc peu décrits dans les ouvrages d’anatomie générale, mais importants à connaître pour comprendre la physiologie et la pathologie laryngée

Le larynx est le vibrateur de l'appareil phonatoire, situé entre l'appareil respiratoire et les cavités de résonance.

La situation générale du larynx

A l'intérieur du cou, le larynx est situé entre la base de la langue en haut et la trachée dont il constitue l'orifice supérieur, en bas. Il correspond extérieurement au relief de la pomme d’Adam en avant.

Par rapport à la colonne vertébrale de l’adulte, le tube laryngé s’étend entre la 4ème et la 6ème vertèbre cervicale. Il est situé plus haut dans le cou chez l’enfant.

Le larynx dans l'appareil respiratoire

Le larynx fait partie des voies aérifères, conduits qui véhiculent l’air entre l’extérieur et l’intérieur du corps au cours de la ventilation. Le larynx est traversé par l’air au cours de l’inspiration et de l’expiration.

A sa partie basse, le larynx est situé à la partie supérieure de la trachée dont il est solidaire. A sa partie haute, le larynx fait suite à l’oropharynx.

Le larynx dans le carrefour aérodigestif

L’ oropharynx est le lieu où la voie aérienne et la voie digestive se rencontrent. Que l’on respire par le nez ou par la bouche, l’air inspiré et expiré traverse l’oropharynx. Quand on s’alimente, les liquides et les solides sont propulsés dans l’oropharynx, avant de gagner la voie digestive (l’œsophage). Le larynx va sécuriser la déglutition en orientant l’air vers la voie aérienne, et les aliments vers la voie digestive.

Le larynx est situé à la partie inférieure de l’oropharynx, immédiatement en dessous et en arrière de la base de la langue, au-dessus et en avant de la bouche de l'œsophage. Quand on avale, le bol alimentaire atteint la base de langue, et rencontrant le tube laryngé verrouillé en fermeture, se divise en deux courants, chacun contournant le larynx par les sinus piriformes pour se rejoindre au niveau de la bouche de l'œsophage.

Le larynx est constitué par un ensemble de tissus mous (muscles, ligaments, muqueuse) organisés autour d'un système de cartilages dont certains sont mobiles, d'une part par rapport aux autres structures cervicales, et d'autre part, les uns par rapport aux autres.

Les cartilages du tube laryngé

Le larynx est un tube constitué par un squelette cartilagineux. Les différents cartilages sont réunis par des membranes et ils donnent insertion à des muscles qui vont permettre aux différentes structures laryngées de se déplacer. A l'intérieur du tube se trouvent des éléments mobiles qui permettent au larynx d'assurer ses différentes fonctions.

Le cartilage cricoïde

Il représente la base du larynx. Placé au-dessus du premier anneau trachéal, ce cartilage circulaire présente une portion postérieure épaisse et un arc antérieur plus fin. Il a la forme d'une bague dont la pierre (chaton cricoïdien) est située en arrière, et dont l'anneau (arc cricoïdien) est en avant.

Cartilage le plus bas du larynx, il est fixé à la trachée et constitue le socle sur lequel repose l’ensemble des cartilages laryngés. Les déplacements de la trachée au cours de la respiration (abaissement lors de l’inspiration, élévation lors de l’expiration) sont transmis au cartilage cricoïde et donc à l’ensemble du tube laryngé.

Mais les mouvements du cricoïde par rapport aux autres cartilages laryngés sont réduits. Il sert de point d’appui fixe aux muscles intrinsèques laryngés : lors de leur contraction, ces muscles vont déplacer les autres cartilages tandis que le cricoïde reste fixe.

Le cartilage cricoïde présente des surfaces articulaires :

- A la face supérieure du chaton cricoïdien, pour permettre les déplacements des aryténoïdes (articulations crico-aryténoïdiennes)

- A la face externe de l’arc cricoïdien, pour permettre les déplacements du cartilage thyroïde (articulations crico-thyroïdiennes)

Au niveau de ces articulations, les déplacements des cartilages se font grâce à différentes actions musculaires.

Le cartilage cricoïde, par sa forme annulaire, calibre la taille des voies aérifères. L’ensemble de la filière respiratoire, et en particulier la trachée dont les anneaux ne sont cartilagineux que sur les ¾ de leur circonférence, présente un certain degré d’élasticité qui lui permet de modifier son calibre (dilatation ou constriction). Au contraire, le cricoïde est un anneau complet, n’ayant aucune possibilité de déformation.

Ceci a 2 conséquences d’importance vitale :

- Le cricoïde ne peut pas réduire son diamètre : il résiste aux forces négatives qui s’exercent pendant l’inspiration et qui ont tendance à collaber les parois de la filière respiratoire. Le cricoïde permet à la filière respiratoire de rester toujours ouverte lors de l’inspiration.

- Le cricoïde ne peut pas augmenter son diamètre : si un corps étranger vient se bloquer à son niveau, les parois ne peuvent pas se dilater et l’asphyxie survient si l’on n’intervient pas rapidement pour expulser l’obstacle.

Le cartilage thyroïde

Le cartilage thyroïde constitue le « bouclier du larynx ».  Il a la forme d'un livre ouvert en arrière, et les deux lames quadrangulaires le constituant mesurent 1,5 à 2,5 centimètres de hauteur. Elles forment entre elles un angle de 120 degrés chez la femme et 90 degrés chez l'homme (la « pomme d'Adam » correspond extérieurement au relief du cartilage thyroïde, dont l’angle est plus saillant chez les hommes).

Les lames latérales du thyroïde sont prolongées à leur bord postérieur par des cornes (grandes cornes en haut, petites cornes en bas).

Les grandes cornes thyroïdiennes, supérieures, servent de point d’insertion aux muscles qui vont arrimer le larynx dans le cou. Les petites cornes thyroïdiennes, inférieures, se trouvent au contact de la surface articulaire située sur l’arc cricoïdien, formant de chaque côté l'articulation crico-thyroïdienne. Celle-ci permet les mouvements du cartilage thyroïde par rapport au cartilage cricoïde.

Dans l’angle rentrant du cartilage thyroïde se fixent l’extrémité antérieure des cordes vocales. Les mouvements du cartilage thyroïde ont pour effet de modifier la longueur et la tension des cordes vocales.

Les cartilages aryténoïdes

Seuls cartilages pairs du larynx, les cartilages aryténoïdes ont la forme d’une petite pyramide composée d’un sommet supérieur, de 3 faces et d’une base inférieure.

Chaque aryténoïde présente 3 faces :

  • Une face latérale, qui est en regard de la lame latérale du cartilage thyroïde

  • Une face médiale ou laryngée, qui est en regard de la face médiale de l’autre aryténoïde

  • Une face postérieure, qui est en continuité avec la face postérieure du cartilage cricoïde

La base de chaque aryténoide est une surface lisse qui repose sur la face supérieure du chaton cricoïdien : ensemble, ils constituent l’articulation crico-aryténoïdienne droite et gauche.

La base de chaque pyramide aryténoïdienne présente deux prolongements :

- Vers l'avant : l' apophyse vocale où s'insèrent le muscle vocal et le ligament vocal

- Vers l'extérieur : l' apophyse musculaire où s'insèrent les muscles assurant les différents mouvements de l'aryténoïde.

Les cartilages aryténoïdes, sur lesquels s'insèrent l’extrémité postérieure des cordes vocales, s’écartent et se rapprochent sous l'action de certains muscles, en glissant, pivotant et basculant sur la surface articulaire cricoïdienne. Leurs mouvements, variés et très précis, déterminent les degrés d’écartement et de rapprochement des cordes vocales nécessaires aux différentes fonctions laryngées.

Sur le sommet se fixe un ligament et un muscle qui unissent chaque aryténoïde au bord latéral de l’épiglotte, le ligament et le muscle ary-épiglottiques. Recouvert de muqueuse, ce repli ary-épiglottique sépare le contenu du larynx en 2 régions :

  • En dedans du repli, le larynx respiratoire, traversé uniquement par le souffle inspiratoire et expiratoire

  • En dehors du repli, le larynx digestif : les aliments venant de l’oropharynx contournent latéralement le larynx respiratoire fermé par l’épiglotte, en passant dans les gouttières ou sinus piriformes

Le sommet de chaque aryténoïde est surmonté de deux petits cartilages enchassés dans le ligament ary-épiglottique, le cartilage corniculé et le cartilage cunéïforme, qui n'ont pas de rôle fonctionnel.

L’épiglotte

L’épiglotte est un cartilage en forme de « tuile de toit » ou de « pétale » à grosse extrémité supérieure, et dont la partie inférieure, en forme de pointe, s’insère dans l’angle rentrant du cartilage thyroïde,  immédiatement au-dessus des cordes vocales.

L’épiglotte possède 2 faces :

  • Une face supérieure, orientée vers la base de langue. Le 1/3 supérieur est situé au-dessus de l’os hyoïde et forme le versant postérieur de la vallécule. Les 2/3 inférieurs sont situés sous l’os hyoïde et sont en rapport avec l’espace graisseux thyro-hyo-épiglottique et la région des 3 replis (repli pharyngo-épiglottique, repli glosso-épiglottique et repli ary-épiglottique)

  • Une face inférieure, orientée vers le larynx. Elle participe à la constitution du vestibule laryngé.

Pendant la déglutition, l'épiglotte se rabat sur le tube laryngé en le fermant comme un couvercle, protégeant ainsi le larynx et l'arbre bronchique des pénétrations alimentaires. Pendant la phonation, la position de l’épiglotte, plus ou moins verticale, va contribuer à modifier la puissance et le timbre de la voix. La verticalisation de l’épiglotte est assurée par le muscle thyro-épiglottique, son abaissement est assuré par le muscle ary-épiglottique.

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