Anatomie de l’appareil ventilatoire

Chapitre 2: le diaphragme

Le diaphragme, clé de la ventilation !

Le diaphragme est une cloison musculo-tendineuse, en forme de voûte convexe vers le haut et allongée transversalement, séparant les cavités thoracique et abdominale. Il s’insère sur les côtes inférieures et la pointe du sternum pour sa portion costale et  des vertèbres lombaires pour sa portion vertébrale. Son rôle est fondamental dans la ventilation et dans le contrôle de la phonation.

Anatomie du diaphragme

La partie postérieure du diaphragme, verticale, est annexée à la colonne vertébrale et aux dernières côtes  : ce sont les piliers du diaphragme. La partie antérieure, horizontale et convexe vers le haut, forme la cloison de séparation entre thorax et abdomen. Ces deux parties ont une origine embryologique différente, et ne fusionnent que secondairement au cours de la vie foetale, limitant entre elles des orifices pour le passage de différents organes.

Le diaphragme est constitué d’une multitude de muscles digastriques (2 corps musculaires séparés par un tendon). Chacun de ces muscles se fixe en périphérie sur la cage thoracique :

- En avant sur la face postérieure de l'appendice xiphoïde

- Latéralement sur la face médiale des six dernières côtes (les insertions sur les arcs costaux se font par des digitations musculaires qui se terminent 1 cm au-dessus du rebord costal inférieur)

- En arrière sur la partie antéro-latérale des deuxième et troisième vertèbres lombaires

Les tendons intermédiaires des fibres s’entrecroisent au centre du diaphragme et composent le centre tendineux ou « centre phrénique ». Cette zone est percée de plusieurs orifices où passent des organes venant du thorax et à destination de l’abdomen (l’aorte, la veine cave, l’oesophage, les nerfs vagues droit et gauche...).

Le centre phrénique est une nappe tendineuse en forme de trèfle, composée d'une foliole antérieure et 2 folioles latérales. Les fibres musculaires du diaphragme, partant du centre tendineux, se disposent en rayon, comme le diaphragme d’un appareil photo.... Elles ont une orientation verticale et elles s'insèrent en périphérie sur les éléments squelettiques, à une hauteur bien inférieure à celle du dôme qui atteint, au repos, le 6ème espace intercostal à gauche et le 5ème à droite.

En raison de leur rôle physiologique différent, on peut définir deux principales zones diaphragmatiques :

- Le cylindre d’apposition, périphérique, correspondant à la portion verticale du muscle, en contact avec la partie interne du gril costal et la partie haute de la cavité abdominale

- Le dôme diaphragmatique, central et horizontal, séparant à proprement parler le thorax de l’abdomen, au centre duquel se trouve une zone tendineuse d’où partent les fibres musculaires

Les rapports du diaphragme

Les rapports supérieurs

Latéralement, la face supérieure des coupoles diaphragmatiques a pour rapport les faces inférieures des poumons, auquel le diaphragme est solidifié par l'intermédiaire de la plèvre.

Sur la partie centrale de la face supérieure du centre tendineux repose le sac péricardique contenant le cœur. Ce sac fibreux est relié au diaphragme notamment par le ligament phréno-péricardique, mais il est également fixé à la colonne vertébrale dorso-cervicale par le ligament vertébro-péricardique. Au cours des mouvements du centre tendineux du diaphragme, le sac péricardique va agir comme un ressort : lors de l'abaissement du centre phrénique, sa tension augmente, créant une force de rappel élastique qui agira dans le sens d'un retour à la position haute du diaphragme, notamment lors de l'expiration.

Les rapports inférieurs

Les insertions costales

Le diaphragme s'insère par des digitations musculaires sur la face médiale des 6 dernières côtes à 1 cm du bord inférieur costal. Au même niveau, se trouvent également les insertions du muscle transverse de l'abdomen. On verra plus loin que l'action de ce muscle est capital dans le contrôle de l'expiration phonatoire, car il est antagoniste du diaphragme et agit sur les mêmes structures que ce dernier.

Les viscères abdominaux

Le foie constitue le rapport inférieur majeur du diaphragme : cet organe répond en effet à la globalité de la coupole diaphragmatique droite, mais également une grande partie de la coupole gauche. Sous la coupole gauche se trouvent également l'estomac et la rate.

Actions du diaphragme

Description générale

L'action du diaphragme ne dépend pas que de la seule force de sa contraction, mais aussi de la transformation de cette force en pressions thoracique et abdominale et en déplacements pariétaux.

Elle est donc déterminée par les capacités de contraction du muscle, par sa configuration géométrique, ses rapports avec les différentes composantes de la cage thoracique et les caractéristiques mécaniques de celles-ci, mais également par la compliance du contenu abdominal (c' est à dire sa capacité à se laisser déplacer par la poussée diaphragmatique).

Lorsque le diaphragme se contracte, ses fibres musculaires se raccourcissent, ce qui entraîne l'abaissement du centre tendineux (et plus généralement de la partie horizontale du dôme diaphragmatique) qui vient alors appuyer sur le contenu abdominal.

Ce mouvement est inspiratoire d'une part parce qu'il augmente le diamètre céphalo-caudal de la cavité thoracique, et d'autre part parce que la pression devient positive dans la cavité abdominale en raison de la nature incompressible de son contenu. Cette pression positive est responsable d'un déplacement vers l'avant de la paroi abdominale, qui est transmise à la partie inférieure du gril costal. L'augmentation de la pression abdominale s'applique sur les côtes inférieures où le diaphragme est directement apposé contre le gril costal. Celui-ci subit une poussée dirigée vers le dehors (composante « appositionnelle» de la force diaphragmatique).

Toute modification de l'anatomie ou des caractéristiques mécaniques de la paroi thoracique et de l'abdomen peut altérer la fonction du diaphragme, indépendamment de ses propriétés contractiles intrinsèques.

Ainsi, si le compartiment abdominal s'oppose fortement à la descente diaphragmatique (compliance basse), la surface de la zone d'apposition varie peu pendant l'inspiration et la pression abdominale est élevée, d'où une expansion transversale importante de la partie inférieure du thorax, mais une faible augmentation du diamètre crânio-caudal de la cavité pulmonaire.

Au contraire, si la compliance de la paroi abdominale est élevée (paroi distendue) la contraction du diaphragme entraîne une descente plus marquée de son dôme, une forte diminution de la zone d'apposition au cours de l'inspiration, et une faible pression intra abdominale, d'où une expansion thoracique basse d'amplitude limitée.

En fonction du projet ventilatoire, il est important de pouvoir adapter le niveau de contraction de la paroi abdominale afin de favoriser l'ouverture thoracique et/ou le contrôle de sa fermeture.

Actions sur le gril costal

La contraction du diaphragme entraîne un accroissement des dimensions du gril costal inférieur par l'intermédiaire de deux forces, la force insertionnelle et la force appositionnelle.

Le diaphragme peut être assimilé à un piston qui se déplace dans un cylindre creux (le tronc). Ce déplacement entraîne des modifications de volume et de pression du contenu thoracique et du contenu abdominal. Le contenu thoracique correspond à une masse gazeuse dont on peut faire varier la pression. Le contenu abdominal est assimilable à une masse liquidienne déformable mais incompressible.

Pendant l’inspiration, les fibres du diaphragme prennent appui sur la colonne lombaire, les côtes et le sternum : elles se raccourcissent et tirent vers le bas le dôme diaphragmatique, entraînant un aplatissement du diaphragme. L'abdomen se laisse distendre par le déplacement des viscères mais ceux-ci sont rapidement bloqués, freinant la descente du diaphragme.

Pendant la descente diaphragmatique, les différents ligaments du médiastin qui relient le diaphragme à la colonne dorso-cervicale sont étirés et mis en tension, comme des ressorts. Lorsque la tension maximale est atteinte au niveau médiastinal et que les viscères ne peuvent plus se déplacer dans la cavité abdominale, le centre tendineux devient le point fixe pour les fibres musculaires diaphragmatiques. Elles continuent à se raccourcir, mais leur force s'applique à présent au niveau de leurs insertions sternales, costales et vertébrales (force insertionnelle).

Cette force est liée à l'insertion des fibres musculaires diaphragmatiques sur les structures squelettiques et à leur orientation parallèle au gril costal. Lorsque le diaphragme se contracte, les fibres exercent une force qui soulève les côtes et provoque un mouvement de rotation vers le haut des côtes autour de l'axe de leurs articulations costovertébrales et costo-transversaires, conjugué à un mouvement du cartilage costal par rapport au sternum, qui tend à s'élever légèrement. La rotation des côtes entraîne une augmentation du diamètre transversal du gril costal inférieur, et, dans une moindre mesure, de son diamètre antéropostérieur (mouvement en « anse de seau »).

Une seconde force diaphragmatique (force appositionnelle) est liée à l'apposition directe du muscle contre la face interne du gril costal : cette zone d'apposition est telle que le gril costal inférieur fait en réalité partie de la paroi abdominale.

A ce niveau, l'augmentation de pression abdominale provoquée par la contraction du muscle est transmise au gril costal, qui reçoit une poussée dirigée vers l'extérieur, augmentant son diamètre transversal.